Dès la publication du journal « La Nouvelle » N°004 en date du lundi 16 juillet 2012, SOS Journaliste en Danger a interpellé le Directeur de la Publication pour lui signifier clairement les manquements déontologiques qui ont entaché la parution et des conséquences qui peuvent en découler. SOS Journaliste en Danger se préparait à rendre public un communiqué à cet effet quand la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a publié, dans la nuit de ce lundi sur les médias d’Etat, un communiqué annonçant l’interdiction de parution du mensuel « La Nouvelle » pour publication de « fausses informations, appels à la haine ethnique et religieuse, intrusion dans la vie privée des citoyens, calomnie et injures ».
Dans la foulée de la publication de ce communiqué, des individus en tenue civile armés à bord d’une RAV 4 TG-2858-AG couleur marron ont tenté d’enlever le Directeur de la Publication du journal en prenant d’assaut son domicile sis au quartier Hanoukopé aux environs de 21h15. Pourchassé nuitamment dans le quartier, M. Lawson Bêtum Bonéro a réussi à échapper à ses ravisseurs et s’est mis jusqu’à présent à l’abri.
Cette tentative d’enlèvement intervient dans un climat de vive tension politique, marquée par des violences qui ont occasionné à ce jour, trois (3) morts et une centaine de blessés à l’occasion d’une série de manifestations organisées par le Collectif « Sauvons le Togo » pour exiger des élections transparentes et le respect des droits de l’homme. Des bavures policières et autres violations de domiciles privés, visiblement encouragées par des démentis mensongers et systématiques des autorités gouvernementales et des responsables de sécurité.
SOS Journaliste en Danger s’étonne que sur la base de ces manquements graves, la HAAC, par son communiqué en date du 16 juillet 2012, se substitue à la Justice pour décider de la suspension et de l’interdiction de parution du journal. Aux termes de l’alinéa 3 de l’article 26 de la Constitution de la IVe République, « La presse ne peut être assujettie à l’autorisation préalable, au cautionnement, à la censure ou à d’autres entraves. L’interdiction de diffusion de toute publication ne peut être prononcée qu’en vertu d’une décision de justice ». Pour conforter sa décision illégale et sa forfaiture, la HAAC soutient que le récépissé de parution du journal « La Nouvelle » n’est pas « authentique ». Or le Récépissé N°410 signé de la main de Filip EVEGNO, Président de la HAAC d’alors et toujours membre de l’institution, a été délivré le 28 octobre 2010 et remis au Directeur de la Publication en personne par M. Dadja POUYI alors Vice-président de la HAAC et chargé de la presse écrite. De plus, le journal « La Nouvelle » a commencé ses parutions depuis le 15 mars 2012 et aussi curieux que cela puisse paraître c’est le 16 juillet que les membres de la HAAC se rendent compte que le récépissé de parution n’est pas « authentique ».
SOS Journaliste en Danger tout en déplorant les manquements déontologiques graves qui ont entaché la parution du journal « La Nouvelle », s’insurge contre les contorsions ubuesques de la HAAC qui, fidèle à sa forfaiture, se substitue à la Justice avec des arguments mensongers pour interdire la parution d’une publication.
SOS Journaliste en Danger élève une vive protestation contre ce communiqué mensonger de la HAAC qui ne vise aucune disposition légale voire réglementaire. En d’autres termes, la suspension du journal « La Nouvelle » par la HAAC au mépris des dispositions constitutionnelles est nulle et de nul effet.
SOS Journaliste en Danger met en garde la HAAC de Kokou Tozoun qui, après un tour au Bénin, multiplie les initiatives pour s’octroyer le droit de suspendre ou d’interdire les organes de presse.
SOS Journaliste en Danger condamne avec fermeté l’intrusion des individus armés au domicile du Directeur de la Publication de « La Nouvelle » et la tentative de son enlèvement. Ces faits viennent confirmer les rumeurs de ces derniers jours sur des projets d’atteinte à l’intégrité physique de certains journalistes jugés critiques et qui refusent de céder aux sirènes du régime en place.
SOS Journaliste en Danger lance un appel aux organisations de défense de la liberté de presse, aux organisations de défense des droits de l’homme et à toutes les populations à se mobiliser pour faire échec à toute velléité de caporalisation de la presse togolaise.
SOS Journaliste en Danger invite les organisations internationales de défense de la liberté de presse à œuvrer pour la sauvegarde du libre exercice de la profession de journaliste et à la sécurité du journaliste mise à rude épreuve ces derniers temps au Togo par les agressions répétées des journalistes sur les lieux de reportage ainsi que la tentative d’enlèvement du Directeur de la publication du journal « La Nouvelle ».
SOS Journaliste en Danger exhorte les professionnels des medias à faire preuve de rigueur dans le traitement de l’information et à respecter les règles régissant la profession.
Fait à Lomé, le 17 juillet 2012
Le Président
Ferdinand Mensah AYITE
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