Depuis l’annonce par le gouvernement togolais de la tenue des législatives le 21 juillet 2013, l’opposition togolaise donne l’impression de perdre les pédales. Malgré les annonces officielles où elle fait montre d’une témérité apparente en réitérant qu’elle ne boycottera aucune élection mais qu’elle ne va pas y participer dans des conditions rocambolesques, à l’interne ce n’est pas la sérénité. Les réunions se multiplient entre le collectif sauvons le Togo (CST) et la coalition arc en ciel. Du côté du collectif la tendance est de ne participer à aucune élection aux résultats déjà connus ; mais là encore ce n’est pas l’unanimité, certaines formations politiques notamment deux sont tentées par ces élections dont leur caractère de fraudes est pourtant avéré.
Au niveau de la coalition arc en ciel comme une grande partie de l’opinion le pressentait déjà la tendance est à une participation des prochaines législatives. Seul hic, signé un accord électoral entre les partis du collectif pour se donner plus de chance. Ce regroupement politique avec ou sans un accord dont la signature est peu probable pourrait déposer les candidatures d’ici lundi prochain, date de clôture du dépôt.
Cette attitude de l’opposition qui consiste à faire un pas devant, un pas en arrière à chaque joute électorale laisse perplexe. Les populations qui ont eu à payer un lourd tribut du fait des violences électorales savent qu’aucune élection organisée par le pouvoir cinquantenaire des Gnassingbé ne peut répondre aux normes démocratiques. Cette posture assez curieuse de la classe politique de l’opposition suscite néanmoins quelques observations et interrogations.
En 23 ans de lutte démocratique, l’opposition togolaise ne semble pas comprendre que les élections aux conditions du régime héréditaire ne sont nullement la solution à la crise togolaise. On se souvient qu’au lendemain de la frauduleuse de 2010 où Faure Gnassingbé s’est attribué plus de 60% des voix, Maitre Paul Dodji Apevon, Président du comité d’action pour le renouveau (CAR) et membre de la coalition arc en ciel soutenait qu’avec le régime togolais les élections sont vidées de leur quintessence. Cette assertion trois ans après n’est-elle plus d’actualité ?
Par ailleurs, la même opposition, les deux regroupements combinés n’ont cessé de décrier la composition de la CENI qui est aujourd’hui truffée des militants du parti au pouvoir et de son allié l’UFC de Gilchrist Olympio. De même, ils n’ont cessé de critiquer le processus de recensement qui a vu l’enrôlement des mineurs et des étrangers.
Comment l’opposition compte t-elle remédier à toutes ces anomalies avant de se jeter pieds joints dans un processus où nul besoin d’être politique chevronné pour comprendre que participer à un telle entreprise relève d’une absence de discernement et d’une trahison envers la lutte de tout un peuple et la banalisation de l’incarcération injuste des militants et autres responsables qui croupissent toujours dans les geôles des prisons dans une sordide affaire d’incendies dont les vrais auteurs sont connus de tous ?
A observer la précipitation avec laquelle l’UFC et le pouvoir RPT/UNIR font montre dans ce processus électoral il n’est un secret pour personne que les résultats de ces élections existent déjà et qu’il s’agit juste de faire une mascarade pour offrir une majorité très confortable au parti illégal de Faure Gnassingbé qui jusqu’à ce jour n’a toujours pas tenu son congrès statutaire pour prétendre à un minimum de légalité.
Si tel est le cas, les opposants togolais, veulent -ils courir derrière la minorité qu’ils vont se partager entre eux ? des strapontins que le prince voudra bien leur offrir pour après chasser leurs députés de l’assemblée nationale comme ce fut le cas de ceux de l’ANC qui n’ont pu jamais retrouvé leur siège malgré la décision de la cour de justice de la CEDEAO ?
Il est malheureux de constater que l’opposition togolaise garde ce réflexe d’enfant et perde les repères à l’annonce de chaque élection alors même qu’elle n’a aucune garantie de leur crédibilité et de leur transparence.
De plus tout se passe comme si sans cet agenda républicain qui voudrait qu’on tienne des élections dans un régime pourtant dictatorial la classe politique n’a d’autres moyens pacifiques pour offrir l’alternance aux togolais.
Le parti au pouvoir qui n’a en réalité besoin des suffrages des populations sachant qu’il n’a pas une base électorale qui excède les 10% est décidé à chaque mascarade à imposer s’il le faut par les armes ses résultats pour se pérenniser au pouvoir. Et donc c’est Faure Gnassingbé et apparatchiks qui se frotteraient les mains si jamais l’opposition mordait à l’appât d’une élection truquée, car sa seule participation est déjà un gage de crédibilité pour son régime champion en hold up électoraux.
Pendant que les opposants dansent le tango et que leur cœur balance entre aller ou ne pas aller, il est à saluer que même le très versatile Nicolas lawson, président du PRR a compris que participer à ses élections c’est exposé les populations aux violences de 2005 qui ont fait au moins 1000 morts et qui ont permis a Faure Gnassingbé de capter dans un torrent de sang le fauteuil présidentiel.
Quand on sait que beaucoup de sources affirment et confirment la réactivation des groupes de milices à la solde du pouvoir pour imposer des résultats fabriqués et faire du prince l’omnipotent, le bon sens voudrait que cette opposition revoit sa copie et abandonne les envies et les privilèges de devenir de simples députés dans une république bananière alors que les populations croupissent dans la misère et espèrent une sortie de crise durable plutôt que des solutions de cinq ans qui ne servent que quelques intérêts partisans et faisant de leurs concepteurs des complices avérés d’une dictature aussi sournoise que sanguinaire.
Selon les dernières infos, ils y vont tous. Pouvaient-ils en faire autrement? Toute toutes les façons, certains partis comme le CAR, la CDPA,… ne boycotteront aucunement ces élections. Et donc pour ne pas afficher de fissure, tous se positionnent. Attendons de voir les résultats. Ils ne seront pas une surprise. Et le sang coulera; et les arrestations et tortures ne manqueront pas; et UNIR-UFC sortiront vainqueurs d’une élection qui sera « libre », « honnête », « démocratiques » et sans incidents majeurs. Ecoutez! je n’en ai rien à ….. Pauvre Togo.