A la veille de son départ, Madame Pansieri qui a effectué une visite de trois jours au Togo où elle a rencontré les autorités de même que les acteurs des droits de l’homme était à la très surpeuplée prison de Lomé (prévue pour près de 660 détenus elle en compte presque le double à ce jour). Malgré toutes les dispositions prises par les autorités de l’administration pénitentiaire pour faire croire que les détenus mènent une vie semi normale, la haut commissaire a décelé que la prison reste un enfer et que le Togo est encore trop loin des standards requis dans le domaine. Retour sur les à côtés de la visite de la prison de Lomé par Madame la haut commissaire adjointe des Nations Unies au droits de l’homme.
Certains observateurs soutiennent que l’administration pénitentiaire à été un peu réticente avant que madame la haut commissaire ne passe les portes de la prison. Elle y a fait son entrée avec le directeur du « Guantanamo » de Lomé, son adjoint, puis madame Igé Olotokoumbo, la Représentante Résidente du HCDH et Monsieur Olabiré Da cruz du Centre d’Information des Nations-Unies (CINU) au Togo.
L’administration pénitentiaire a préféré lui faire visiter le bâtiment dénommé « Extension », composé de 8 blocs financés par l’Union Européenne avec des sanitaires intégrés. Premier choc, un bloc fait 6 sur 7 mètres. Madame Pansieri a été ahurie d’apprendre que plus de 55 détenus y passent la nuit. Puis on devrait faire rentrer les prisonniers pour qu’elle voie comment des êtres humains se mettent en sardines pour passer la nuit. Par des gymnastiques propres au Togo et ses tenants du pouvoir, l’administration a tactiquement réussi à éviter au numéro 2 de Navy Pillay cette aberration de taille.
Second choc, la visite du quartier des dames, avec des femmes enceintes, des nourrissons et enfants. Il est judicieux de se demander si au Togo les nourrissons qui sont des êtres innocents sont-ils condamnés au même titre que leur mère ?
Selon nos informations, Madame Pansieri et sa suite ont rencontré dans la foulée les « accusés » de la maman du numéro un togolais, dans cette autre affaire obscure du vol d’un milliard du coffre fort de madame Sabine Mensah. Un cas typique des dysfonctionnements que relève le dernier rapport accablant du HCDH sur l’administration de la justice au Togo. Voilà des personnes mises aux arrêts depuis octobre qui n’ont été déférées que la semaine dernière. Ils sont au total 4 femmes et un jeune garçon de 19 ans accusés par « maman Faure » d’avoir dérobé le milliard. Ils ont été gardés à la gendarmerie plus de 5 mois avant d’être déférés le vendredi dernier. Sur ce sujet de vol du milliard, madame Pansieri aurait demandé si « celle qui se dit être victime du vol à pu prouver comment elle possédait une telle somme » ? Question sans réponse bien entendu. Mais en réalité c’est une interrogation évidente pour toute personne normale. Comment un individu peut il posséder un tel pactole même s’il est la mère du chef de l’Etat ? Sans doute madame Pansieri est à milles lieux de s’imaginer que le Togo est ce pays où la minorité, à le droit de dandiner avec des milliards et de rouler carrosses au détriment du grand peuple qui doit faire face au quotidien à la misère la plus indicible.
Par ailleurs, c’est un scandale qu’à ce jour le gouvernement évoque des difficultés liées au budget quant aux problèmes dans les prisons. Si Faure Gnassingbé et compagnie avait la justice comme l’une des priorités, le honteux 1% alloué à ce secteur dans le budget exercice 2014 ne le serait pas. Nul besoin de rappeler que le budget de la présidence de la république ne fait que grimper d’année en année avec en ce 2014 la bagatelle somme d’un milliard trois cent millions rien que pour la consommation en énergie électrique du prince. Plus scandaleux, le fameux ministère de propagande labellisé, développement à la base qui bénéficie d’environ deux milliards 400 millions de francs. Selon nos informations les activités prévues par « le ministère de la campagne à plein temps » que dirige la directrice de cabinet de la présidence madame Victoire Tomégah Dogbé, sont en deçà de cette manne. Sans oublier que d’autres ministères sont intégrés à celui de la base et l’enveloppe total de ce département donne tout simplement du vertige. Juste pour se pérenniser au pouvoir toutes les folies sont permises.
Plus choquant, il y a néanmoins des mesures qu’il faut prendre et qui ne nécessitent de débourser un seul franc. Mettre les gens en liberté conditionnelle ou en liberté de droit. L’état n’a pas à dépenser un seul franc pour le faire et pourtant il est incapable d’agir et les « prisons- enfer » regorgent de cas qui n’en valent pas la peine. Des petits voleurs de poules, de pattes alimentaires, de pagnes, de portables sont légions. Faut-il faire vivre l’enfer à ces gens pour qu’ils changent positivement ?
Dans un autre registre et toujours dans les coulisses de la prison de Lomé à l’occasion de la quatrième édition de la semaine du détenu, le vendredi 14 février 2014, un débat à eu lieu à l’intérieur de cette prison. Il était question d’échanger à bâton rompu sur les éventuelles stratégies pour décongestionner la prison. Étaient présents, le procureur de la république, le juge d’instruction du 5iém cabinet, le directeur de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, juge de son état, le régisseur de la prison, le responsable du service des affaires sociales de la prison, sans oublié les invités et certains partenaires du Togo. Les questions soulevées par les détenus vont des conditions de mise en libération conditionnelle, aux mises en liberté de droit ,passant par la problématique de la détentions des personnes malades, sans oublier les dépôts systématiques, puis de l’emprisonnement systématique pour des faits anodins. Les réponses du procureur sont restées évasives, aucune approche concrète pour envisager une réelle solution. Pour preuve, le juge d’instruction à laisser entendre que « même apparemment malade, il ne lui revient pas de libérer un détenu dans la mesure où il n’est pas médecin et ne peut rien apprécier ». Mais nous savons tous que, établir un certificat médical pour un détenu après une série d’analyses avoisine les 60.000 FCFA, une enveloppe à la charge du détenu. Quand on sait que c’est à peine les prisonniers s’achètent les cachets de paracétamol, il n’est pas exagéré d’affirmer que les juges togolais vivent sur une autre planète. Une question directe à été posée au procureur de la république » Monsieur le procureur, par quel thème juridique peut on désigner le fait que les détenus soient obligés de rester confinés dans un bâtiment de 6 sur7 mètres accroupis ou debout de 17h00 à 6h00 du matin? » Bien agacé, il a finit par dardé qu’il ne sait pas, qu’il ira se renseigner pour apprêter la réponse plus tard.
Il est évident que les juges togolais sont loin des réalités carcérales et comme tel il leur est impossible de trouver des solutions idoines pour rendre plus vivables les prisons du Togo.
Même si le pouvoir et les journaux maisons se donnent des satisfécits béats au lendemain de cette visite de la haut commissaire Flavia Pansieri, pour le togolais ordinaire le Togo est loin d’être un modèle en matière de respect des droits humains, pire les autorités togolaises sont loin de vouloir se conformer aux instruments nationaux qu’elles ont pourtant ratifié. Le régime reste dans la stratégie du saupoudrage pour flouer une certaine opinion internationale. Flavia Pansiéri n’a pas d’ailleurs pas manqué de soutenir, « tout n’est pas rose. Si tout était rose, on ne serait pas sur place avec un bureau du HCDH. Il reste beaucoup à faire ». Que ceux qui ont des oreilles entendent.
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