Il n’est un secret pour personne que le Togo de Faure Gnassingbé est sans ministre de la santé depuis la formation du dernier gouvernement. Face aux nombreuses difficultés auxquelles font face le personnel médical qui n’a cessé de multiplier les mises en gardes et grèves pour se faire entendre notamment au niveau du SYMPHOT, (Syndicat des Praticiens Hospitaliers du Togo), le régime togolais n’a trouvé meilleure réponse à ses légitimes cris du corps soignant que d’amputer du gouvernement le ministère de la santé, secteur clé et vital dans tout pays sérieux. Une décision qui révèle la légèreté avec laquelle le Togo est dirigé. Même le féroce virus Ebola ne fait pas flipper Faure et son équipe.
Le numéro un togolais, son premier ministre et ses ministres face à l’urgence du moment qui consiste à sauver le Togo de cette pandémie continuent dans l’à peu avec des mesurettes qui ne font qu’augmenter la psychose au sein des paisibles populations qui pensent qu’avec de l’eau chaude, du sel et de l’oignon ils peuvent se mettre à l’abri alors même qu’un chef d’état a fait semblant de prêter serment pour être au service des togolais tel un fidèle et loyal. Ce chef d’état a nommé un premier ministre qui a osé former son gouvernement sans ministre de la santé juste pour contourner les revendications légitimes des praticiens de la santé.
Le premier ministre togolais Arthème Ahoomey Zunu cumule donc depuis plusieurs mois le poste de ministre de la santé en plus de ses prérogatives de chef de gouvernement. La santé d’un pays et dans l’organigramme gouvernemental est trop important pour être rattaché à un autre département surtout à la primature dans le cas d’espèce.
Pour la petite histoire, selon la constitution togolaise dans sa version même toilettée, le premier ministre malgré son rôle de premier des ministres et donc de simple exécutant a pour mission entre autre, de diriger l’action du Gouvernement et de coordonner les fonctions des autres membres. Il préside les comités de défense. Il supplée, le cas échéant, le Président de la République dans la présidence des conseils. Il assure l’intérim du Chef de l’Etat en cas d’empêchement, pour cause de maladie ou d’absence du territoire national. Le Premier Ministre assure l’exécution des lois. Certains actes du Président de la République, sont contresignés par le Premier Ministre ou le cas échéant, par les Ministres chargés de leur exécution.
Alors comment peut-il être chef de gouvernement et ministre de la santé ? une preuve palpable que le Togo est géré par des personnes qui n’ont que faire de la santé et de la vie des 07 millions d’âmes qu’ils ont pourtant l’obligation constitutionnelle de protéger. La minorité dirigeante avec à sa tête Faure Gnassingbé ne sont au sommet de l’état que pour s’en mettre plein les poches et en cas d’ennuis de santé ils iront de toutes les façons aller se faire soigner en occident.
L’exemple le plus édifiant reste le premier ministre togolais qui a passé de longues semaines dans un hôpital en France pour se requinquer. Plus besoin d’évoquer le cas de Faure Gnassingbé lui-même et des autres apparatchiks du régime.
Pendant que tous les pays comme le Bénin, le Ghana et la côte d’ivoire mettent les bouchées doubles pour prévenir et protéger les populations de ce virus sans pitié qu’est l’Ebola, le Togo sans ministre de la santé se contente de quelques conseils et petites mesures avec un personnel soignant qui n’est déjà pas dans des conditions minimales pour exercer.
Que peut un pays complètement délabré dans le domaine de la santé, où l’ eau courante est absente des centres hospitaliers à tel point que les chirurgiens au sortir du bloc opératoire soient obligés de se laver les mains avec des sachets d’eau qui se vendent au bord de la route ?
Que peut un Togo où l’alcool, le coton, l’oxygène et autre en viennent à manquer et des patients meurent de manière aussi banale qu’intolérable ?
Que peut le Togo de Faure Gnassingbé face à la pandémie de l’Ebola quand les populations sont depuis bientôt un demi-siècle décimées par un virus plus dévastateur qu’Ebola ? Le virus de l’irresponsabilité, et de la non-assistance aux populations en danger permanent de façon intentionnelle.
Le Togo au regard de cette crise sanitaire au lieu d’attendre l’OMS et le bataclan sanitaire de l’occident a le devoir en tant qu’état souverain de faire sa petite part en prenant des mesures urgentes face à ce virus qui se propage à une vitesse éclaire. Le premier acte que doit poser le gouvernement togolais est de nommer dans les plus brefs délais un ministre de la santé avec un comité d’urgence et des experts en la matière pour sauver les togolais déjà en sursis au nom du père et du fils.
Certains pays d’Afrique dotés de ministères de la santé, de moyens financiers, logistiques, techniques et humains, agissent, sont sereins et rassurent leurs populations.
Le ministère de la santé du Ghana lance « l’alerte rouge » avec un numéro et une adresse mail qui fonctionnent à en croire certaines sources contactées. La surveillance est maximale dans ce pays voisin du Togo et qui est aussi confronté à une épidémie de choléra et dont les symptômes chez le patient peuvent être similaires.
La Côte d’Ivoire pour sa part, suspend les vols à destinations de certains pays qu’on peut nommer les foyers du virus en Afrique de l’ouest comme le Libéria et le Nigéria.
Le Bénin, un autre voisin du Togo et le Sénégal qui n’ont détecté aucun cas d’Ebola pour l’instant mettent en branle une communication de proximité pour que l’information soit accessible partout sur leur territoire respectif pendant que le Togo continue de jouer au théâtre.
Faire face à une pandémie comme celle de l’Ebola dépasse largement le cabinet d’un premier ministre entouré de quelques conseillers fussent-ils du cabinet présidentiel.
Le Togo a assez de médecins compétents qui ne demandent qu’à sauver des vies conformément au serment d’Hippocrate. Le gouvernement ferait mieux de cesser de jouer à l’amateurisme et au cynisme au regard de la gravité de l’heure.
Même si la vie des togolais ne représente grand-chose aux yeux de Faure et alliés, les togolais ont le droit d’être protégés et le devoir d’exiger cette protection de la part de ceux qui se disent élus au nom du peuple.
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